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Nathalie Talec développe depuis les années 1980 un travail protéiforme (photographies, vidéos, installations, peinture, dessin, performances) qu’habitent les motifs du froid (particulièrement celui de la neige) et du refuge, et la figure héroïque, incarnée, de l’artiste comme explorateur : « Je pense qu’il y a une grande proximité entre la figure de l’explorateur polaire et celle de l’artiste. L’un comme l’autre aborde des territoires inconnus, lance des défis au réel [...] Cela n’a rien à voir avec le corps et sa résistance, plutôt avec ce qui constitue l’homme dans son environnement, dans ses sensations, ses déplacements, sa pensée. »
Du “Jeu de survie en chambre froide”, en 1985, où elle imaginait un espace clos où l’artiste se retranche, aux “Peintures de détresse”, en 2008, en passant par le fameux “Autoportrait avec paire de lunettes pour évaluation des distances en terres froides”, 1986, Nathalie Talec n’a eu de cesse d’établir métaphoriquement la possibilité d’espaces ou de voies d’existence, de persistance, de survivance, de l’humain.
Assimilant son parcours à celui de l'aventurier, elle partage avec ce dernier un intérêt commun pour les sciences : « J’ai toujours abordé l’art comme un récit d’aventure, un scénario à adapter, une partition à écrire, une expérience héroïque à partager ». Dans le cadre des commandes réalisées pour l’espace public, l’artiste produit des oeuvres qui sont autant d’espaces habitables pour l’esprit humain, des espaces de projection fictionnels salutaires, des “refuges à penser” où le réel semble bien céder la place, s’effacer au profit de la réalité de l’oeuvre, qui fait signe, en effet, d’une possible expérience spirituelle, tout à la fois fragile et tenace, réfugiée et conquérante.
Jeanne Brun, Directrice adjointe des collections du Centre Pompidou, 2013.
Langues parlées : français et anglais
Crédit photo : Pierre-André Teiller