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Musicien

Erik Truffaz

Erik Truffaz

Tous les portraits d'Erik Truffaz insistent sur l'expérimentateur, le tout-terrain, sa capacité à se lover dans une œuvre symphonique, derrière des tablas indiens, des guitares distordues qui se battent contre des murs de son. On n’a rien compris à son odyssée intime si on ne voit pas que la musique est d'abord, chez lui, un truc imparable pour tomber amoureux.


On a vu jeune Erik Truffaz donner de l'air dans un groupe de rap à Lausanne, Silent Majority, puis faire l'aller-retour dans la nuit à Londres pour animer des soirées Drum 'n’bass. Erik Truffaz se rend compte que sa trompette parle un espéranto nouveau, elle est capable de bâtir les décors les moins attendus. Elle est un visa planétaire, des bottes de sept lieues, un passe-muraille.


Il y a une trentaine d'années, le Erik Truffaz Quartet devient une des meilleures machines à explorer les temps qu'on ait connues. Il fabrique pour le label Blue Note des classiques de leur époque, du jazz qui trafique les rythmiques électroniques, « The Dawn », « Bending New Corners » ; ils ne s'aperçoivent de leur succès phénoménal que lorsque, à Marseille, ils se trouvent face à une marée humaine qui poireaute sans espoir véritable devant le club où le quartette jouera ce soir.


Depuis 30 ans, ce trompettiste à la gueule d'oiseau ne cesse de prendre la route à contresens, de roder sa conduite sur les chemins de montagne, de brandir sa trompette face aux géants qu'il croise. Qui peut se vanter d’un tel palmarès ? Erik Truffaz a balancé ses rimes dans le dos du compositeur Pierre Henry, il a hanté les nuits infinies de Christophe, il a repeint les dessins d’Enki Bilal avec des notes à base de bleu, il a partagé la scène avec Jacques Weber, Sandrine Bonnaire, et on aurait dit ces soirs-là que toutes ses lectures revenaient à la surface de son embouchure, il a enregistré en Inde au bord du Gange, il a chanté avec une diva malienne et avec les Dandy Warhols, il a offert des partitions à des orchestres symphoniques, il a écrit abondamment pour le cinéma comme si son instrument, au fond, ne servait qu'une cause : extraire l'émotion enfouie dans tout ce qui le traverse.

Langue parlée : français

 


 
Crédit photo : Vincent Guignet

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